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suivre ce blog administration connexion + créer mon blog le blog de cathou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >> 30 janvier 2012 1 30 / 01 / janvier / 2012 14:05 les origines de la langue française la double naissance 842 serments de strasbourg les serments de strasbourg sont les premiers documents où le latin cède la place aux langues vulgaires, le "roman" pour la partie occidentale de l'empire, le "tudesque" pour la partie orientale. le mot "tudesque" vient de l'adjectif germanique tiudesc, qui signifie «populaire» . cette racine se retrouve aussi dans le mot tiudesc-land qui signifie le «pays du peuple» . au fil du temps, il se transformera en deutschland , nom actuel de l'allemagne. ils sont trois, lothaire (ci contre), louis et charles. les deux premiers sont frères. lothaire, quarante-sept ans, et louis, trente-quatre, sont les fils de l'empereur louis le pieux et d'ermangarde. charles est le fruit du remariage de l'empereur avec la jeune et belle judith de bavière. il a dix-neuf ans. tous les trois sont les petits-fils de charlemagne . ils se font la guerre depuis deux lustres, et plus encore depuis la mort de leur père. le pieux semblait pourtant avoir tout prévu et réglé depuis longtemps. en 817, l' année suivant son couronnement, il a rompu avec la tradition franque du partage en instituant son premier fils, lothaire, en futur détenteur de la couronne impériale. ses autres fils, louis et pépin (ce dernier devait mourir quelques années plus tard), recevraient en lots de consolation des royaumes soumis à l' autorité de lothaire. entre la coutume des francs et le rêve d'un empire romain reconstitué, louis 1er choisit l'unité de l' empire et celle de l' europe chrétienne. l'église applaudit. les guerriers francs et leurs chefs plient, sans enthousiasme. la naissance de charles, l'ambition de judith et l'amour de louis pour sa jeune épouse vont bouleverser le schéma. pour doter le petit charles et lui assurer un bel avenir, on va peu à peu rogner sur les territoires promis à lothaire, lequel n'entend pas être dépossédé par un gamin et par une marâtre qui a ensorcelé son père. le ton monte et, chez les princes francs, il est rare qu' on en reste aux mots. d'autant que lothaire est pressé de ceindre la couronne promise avant qu' elle ne tombe en quenouille. si pressé que, par deux fois, il monte une expédition, dépose son père - avec l' appui de l' archevêque de reims - et l' envoie méditer, en compagnie de l' impératrice, derrière les murs d'un couvent. deux fois, le vieil empereur refait surface. intrigues, coups de main, assassinats, yeux crevés, alliances faites et défaites, mais aussi, comme personne ne l' emporte durablement, réconciliations spectaculaires, embrassades, pardons, traités, nouveaux partages. les royaumes virtuels et leurs titulaires se font et défont. lorsque louis meurt à mayence en 840, l'idée impériale est morte. elle n'aura pas duré un demi-siècle. elle entre dans la légende de l'europe. mais lothaire s'y accroche encore, et pour cause. l'église franque, elle, hésite. l'unité politique de i'empire, garante de son unité spirituelle, c'était sa grande idée. un empereur, un pape, une chrétienté. mais elle vient aussi, dans les dernières années du règne de louis le pieux, de découvrir les bénéfices d'un pouvoir impérial affaibli et divisé ; sous charlemagne, elle était soumise ; depuis 830, elle dirige l' essentiel des affaires politiques et l' administration d 'un monarque affaibli. et lothaire, le violent, le brutal, risque de replacer l' épiscopat sous le joug. le sort des armes va trancher le cas de conscience des évêques et exprimer, faute d'un message plus clair, la volonté divine : le 25 juin 841, les troupes conjointes de louis, dit le germanique, et de charles, qu' on sumommera le chauve , rencontrent à fontenoy en puisaye, près d' auxerre, les soldats de lothaire. le choc fut, disent les annales, d'une extraordinaire violence. lothaire, défait, s' enfuit, abandonnant sur le champ de bataille les corps de la plupart de ses partisans. la guerre est finie, la parole appartient désormais aux politiques, c'est-à-dire aux clercs. faute de document, on doit imaginer les tractations entre les camps, les émissaires, les cartes rudimentaires, les colères des uns et des autres et les efforts des religieux pour mettre fin au plus vite à un conflit dont les hordes païennes, les arabes au sud, les normands à l' ouest et au nord, les hongrois à l'est, pourraient profiter. sans doute est-ce d'un groupe de ces clercs savants, formés aux écoles d'aix-la-chapelle, de corbie ou de fulda*, imprégnés de culture latine traditionnelle, qu' est venue cette idée si simple et si révolutionnaire : effectuer le partage entre charles et louis - lothaire, provisoirement, est hors course, contraint d' accepter ce qu'on lui donne - selon la langue parlée par leurs sujets. une francia occidentalis à l' ouest, dont les habitants parlent le roman ; une francia orientalis à l'est, de langue germanique . entre les deux, en tampon parce qu' on n' est pas naïf, on réservera pour lothaire un royaume tout en longueur et assez invivable, multilingue de surcroît, qui court de la lombardie à l' embouchure du rhin. en guise de consolation, lothaire conservera la couronne impériale, réduite à un simple symbole d'unité. l'idée de la france et celle de l' allemagne sont nées autour de l' appartenance homogène à une manière de parler. * fr.wikipedia.org/wiki/ fulda le roman est une langue doublement vulgaire : un dérivé populaire du latin populaire, celui des marchands, des esclaves et des soldats arrivés en gaule avec la conquête romaine huit siècles plus tôt. du mauvais latin mâché et remâché par l'usage quotidien jusqu'à n'avoir plus qu'un vague souvenir de sa naissance. ces origines fort plébéiennes de la langue française n' ont jamais fait l' affaire des nationalistes : on n' avoue pas aisément que le génie de la langue, ce don des dieux, est né dans le ruisseau. selon les époques, les idéologies et l' état des connaissances linguistiques, idéologues et grammairiens - c'est tout un - se sont échinés à trouver des parents plus nobles ou à imaginer des mariages augustes dont serait issu le divin enfant. le celtique, le grec, le germain, l'hébreu. peine perdue, immenses chantiers ouverts pour n'y découvrir qu' une poignée de cailloux, quelques mots, quelques formes grammaticales, quelques racines importées, comme il en existe dans toutes les langues, perdues dans un océan de latin bâtard et rustique, lequel traînait déjà avec lui un fantôme de grec. dater la naissance de la langue française parlée est donc une vaine entreprise. chacun croit parl er le latin de son père et de sa mère et chacun le transforme. mais à un moment, vers le début du vii ème siècle, chacun se rend compte qu'il ne comprend plus que vaguement le vieux latin des gens instruits, celui qu' on parle dans les églises, et moins encore celui des livres. il a cessé de parler latin. déjà, les évêques recommandent aux prêtres d'utiliser dans leurs prêches un latin simplifié. que charlemagne et sa cour d'intellectuels rénovent les études et les lettres latines tombées en déshérence, et l' écart se creuse encore, définitivement. les contemporains de charlemagne ont conscience qu'il existe désormais deux langues dans la partie occidentale de l'empire, celle de l' écrit, le latin, et celle des illettrés, de la parole, que personne encore n'appelle le français et qui s'éparpille d'ailleurs en une infinité de dialectes. du côté de l' écriture - latine : le sacré, le pouvoir, la justice, la littérature, les formes nobles du savoir; le tout entre les mains d 'une toute petite minorité de clercs, bilingues, seuls détenteurs de cette immense puissance, celle de traduire en langue romane rustique la parole de dieu, les ordres de l' administration, les décisions des juges et la mémoire de la civilisation. du côté de la parole : la sujétion, l'espace restreint des patois, la force brutale de l'aristocratie milit